Mon intérêt pour les points et les tâches me pousse souvent à conserver des éléments tels que les gants fins ou les chiffons d’atelier.
En essuyant mes pinceaux , j’imprègne sur mes chiffons (papier essuie tout ) les traces de ma pratique. Je les sèche, les sélectionne et les couds entre eux pour constituer ce que je nomme « fleurs chiffonnées » ou « prairies suspendues ».
Ce processus de création, lent, valorisant ce qui est à priori insignifiant, me séduit beaucoup. Même si petit à petit, je nettoie mes pinceaux avec cette arrière-pensée que je peux recycler mes chiffons (rendant ce geste moins innocent ), j’aime l’aléatoire de la démarche, la matérialité du papier, les accumulations et les possibilités d’assemblage que me procure ce stock de chiffons séchés.
J’aime aussi la matérialité du papier essuie tout. J’y vois un parallèle avec l’Arte Povera, qui utilisait des matériaux pauvres et quotidiens pour remettre en question les conventions de l’art commercial.