Jardins secrets, depuis 2022

Arts points de vue Lauzerte 2024

Jardins secrets depuis 2022

Pour cette nouvelle série intitulée « JARDINS SECRETS », dans une démarche contemplative et sensorielle, je consacre mes journées à la végétation et aux fleurs, à l’apaisement qu’elles suscitent, aux parfums qu’elles transpirent, à leurs balancements sous le vent, aux jaunes, aux verts, aux roses.  

A Lyon près de l’atelier se trouve un jardin public appelé « Jardin Secret » car son entrée est difficile à trouver. Plus bas, du côté de l’île Barbe, coule une Saône verte ou boueuse selon la météo. Depuis l’installation de mon atelier dans le quartier en janvier 2022 je sens que cet environnement immédiat m’amène à lâcher petit à petit les travaux antérieurs.Et puis, comme toujours, il y a ce paysage qui me fascine. La Drôme proche de Lyon pour les vacances. Les prélèvements et glanages effectués en Grèce pour le projet Albert Camus que je conserve précieusement dans des boites de pétri ou finement cousus sur du lin.J’ai découvert les champs jaune printemps du Jura en livrant à Ravilloles mes oeuvres textiles pour l’exposition de l’Atelier des Savoir-Faire. Puis, ce fut l’or des graines de lin à l’occasion du Festival du Lin en Normandie. 

Chaque déplacement donne lieu à des petites séries de photographies prises sur le vif.Petit à petit je restitue ces contemplations au travers peintures et dessins, livres d’artistes, photographies etc … L’année 2023 devient « une année au jardin » dont les maitres mots sont : geste, poésie, sérendipité, motif, matière, couleur, colonisation, son.

Ce travail s’accompagne de lectures poétiques comme par exemple « Il est douze heures plus tard »  , un livre de James Schuyler , poète américain. Sa poésie est très particulière, il parle de choses ordinaires et les magnifie. Pas toujours évident à lire, mais j’ai aimé ouvrir ce livre chaque matin en arrivant à l’atelier , choisir une page au hasard et en lire un extrait comme une anecdote poétique.

Cette série JARDINS SECRETS sera féconde : une centaine de toiles et dessins, un travail textile qui perdure en ce moment, des photographies et une vidéo, des oeuvres sur papier , un herbier cousu … et une nouvelle pratique : le verre soufflé, auprès de Theo Beaumont , verrier à Lyon.

Peintures

Dans cette série, j’ai souhaité saisir la beauté naturelle et le ressenti émotionnel d’un paysage foisonnant ( champs de fleurs, forêt, étang …) et le transcrire en privilégiant la couleur, la forme et la texture pour en révéler l’essentiel : sa force poétique. 

Ainsi je transforme un paysage ordinaire en une réflexion sur la nature et le temps. 

Je m’éloigne d’une représentation figurative au profit d’une approche plus abstraite, avec un motif bâton en récurrence, vertical ou horizontal selon le paysage observé. 

Quelle que soit la taille du châssis, parfois significatif, je vise à faire entrer le regardeur dans ce paysage. 

Grand printemps 150x180cm 2023
Mousse 150x150cm 2022
Prairie fleurie 150x150cm 2022
Les blés 150x150cm 2023 et Rue du pré d'Avril 22x27cm 2022
Etang 73x54cm 2023
5 roses 92x65cm 2022

La peinture est pour moi le médium de tous les possibles.  C’est le plus difficile aussi. On ne peut jamais savoir à l’avance si on sera satisfait par la journée d’atelier. C’est un médium qui demande aussi beaucoup d’énergie , surtout pour moi qui aime les grands formats. 

Après 20 ans de pratique, je me laisse encore surprendre par la joie que cela me procure lorsque j’ai le nez sur ma toile. 

Pour cette série, le rituel est toujours le même : un fond à l’huile très diluée, grossièrement constitué de tâches de couleurs en référence à un paysage donné. Une photo, un souvenir peuvent constituer une base concrète. 

Après séchage, je tape et malmène mes toiles de centaines de coups de spalters , pendant des heures parfois. Le geste est libre, chaque passage vient recouvrir le précédent, transformant petit à petit le tableau.  Des traces verticales ( pour les prairies) ou horizontales ( pour l’eau) apparaissent ainsi en couches  transparentes. 

Par la suite , des rehausses au bâton d’huile sont appliquées. Ils viennent signer la toile, la dirigent, lui donnent sens. Ils font oublier tout le travail de fond précédent. J’y vois un parallèle avec la nature au jardin : quand les fleurs sont là , on ne regarde plus qu’elles, on oublie ces longs mois de gestation dans le sol , les feuilles qui sont venues d’abord , les boutons et le temps de l’éclosion.

Atelier 33 Lyon 9

Dessins

Improbables jardins 3 30x40cm 2023

Dans l’art, comme dans la vie, il y a de la beauté et de la signification à trouver dans le lâcher-prise et l’acceptation de l’imprévisible. 

Le hasard … Son origine viendrait du mot arabe  « al-zahr » qui veut dire « chance » car il désignait à l’origine un jeu de dés. 

Pour léonard de Vinci, le hasard était le point de départ de la possibilité d’une création  :  « […]si tu regardes des murs souillés de beaucoup de taches, ou faits de pierres multicolores, avec l’idée d’imaginer quelque scène, tu y trouveras l’analogie de paysages au décor de montagnes, rivières, rochers, arbres, plaines, larges vallées et collines de toute sorte. Tu pourras y voir aussi des batailles et des figures aux gestes vifs et d’étranges visages et costumes et une infinité de choses, que tu pourras ramener à une forme nette et compléter ». Plus tard, beaucoup d’artistes comme Pollock, Niki de St Phalle, Duchamp, César , Hantaï … ont  exploré cette notion. 

Dans cette série « Improbables Jardins », je vais fouiller dans les résidus de mon propre processus de travail de peintre. Issus de traces ou tâches aléatoires déposées sur les feuilles de papier qui protègent ma table de travail lorsque je peins, des dessins émergent. J’instaure alors un dialogue entre le hasard et le contrôle par une rehausse aux crayons de couleur ou à l’huile,  et des jardins apparaissent.  Je joue avec deux notions contradictoires : le hasard et le contrôle, ce qui me donne une sensation de grande liberté.

Tout ceci me séduit beaucoup car bien que le dessin soit simple, il capture l’essence de la joie et de la créativité sans contrainte.  En approfondissant , je me rends compte que ce processus résonne beaucoup avec ma démarche en général qui favorise la couleur, une préoccupation pour les processus organiques et les traces, ainsi que l’expression d’une certaine poésie.

Improbables jardins 1 50x65cm 2023
Improbables jardins 7 50x65cm 2023
Improbables jardins 5 50x40cm 2024
printemps 30x40cm 2024
jardin 30x40cm 2024
jardins 30x40cm 2024

Dessins au fil / textiles

Mousses, 2024 coutures sur lin lavé 2024
Mousses, 2024 coutures sur lin lavé 2024
Mousses, 2024 coutures sur lin lavé 2024

Janvier 2024, j’installe MOUSSES au Grand Atelier à Croix Rousse (Lyon) 

C’est un paysage organique évoquant la croissance et la diversité des mousses.  L’utilisation du lin lavé cousu de lés de coton est un lien entre art appliqué et beaux-arts, un « support-surface » mettant l’accent sur la matière et du motif. Cela me permet aussi d’envisager un accrochage à l’extérieur.

LA PROLIFERATION DES MOUSSES , broderie main sur lin lavé, 110x148cm, 2024.

Ce travail a été mené dans une premiere phase entre février et juin 2024. Il évoque la douceur et la fragilité des mousses. Les motifs organiques semblent se ramifier, se développer sur le tissu, comme dans la nature. 

Pour enrichir la proposition artistique et jouer avec l’espace,  j’ai choisi un support grilllagé qui permet différents accrochages. Par exemple, une forme symbolique de rocher.

C’est une oeuvre inachevée ( cf Equinoxe, 2016) , la broderie va grandir sur ce même support. 

La prolifération des mousses en 2025 ( photo provisoire en attente de l'installation au Couvent de Gramat)

Texte pour l’exposition au Couvent de GRAMAT (oct/nov 2025)

Le jardin a toujours été pour moi un espace propice au recueillement, aux songes et au repos. C’est un lieu où je me sens connectée à la nature, et où je trouve la paix intérieure. La grâce des végétaux, et en particulier celle des mousses, m’a toujours fascinée. Leur rondeur, leur douceur, et surtout leur capacité à apporter l’apaisement sont des qualités que j’ai voulu évoquer dans cette pièce. 

« La prolifération des mousses » est une broderie main au fil de coton vert sur lin lavé, 150x108cm . 

Démarrée en février  2023, cette œuvre a déjà nécessité des centaines d’heures de travail, et pourtant, je la considère comme éternellement inachevée. 

Installation : 

J’ai placé cette broderie sur une structure qui évoque un rocher, représentant à la fois la force et la vulnérabilité de la nature. 

Ce rocher est suspendu par des fils transparents dans une structure de tasseaux de bois , évoquant une cabane,  un refuge protecteur. 

J’invite ainsi  le spectateur à contempler non seulement l’œuvre mais aussi l’espace qu’elle occupe.

Le dialogue entre l’espace de la cabane et l’ouverture au paysage environnant renforce l’idée que le jardin—et ce qu’il représente—n’est pas seulement un lieu d’évasion, mais un point de départ pour trouver l’équilibre intérieur. 

La dimension de l’« inachevé » dans la pièce brodée renforce cette notion de refuge. En considérant l’œuvre comme éternellement inachevée, je souligne que le jardin, tout comme notre processus intérieur, implique un développement continu. Ce caractère évolutif transforme le refuge en un lieu d’expérimentation et d’épanouissement, soulignant que chaque moment passé dans cet espace créatif est une occasion d’explorer de nouvelles dimensions de soi.

mousse 60x80cm 2025 dessin cousu machine sur papier
mousses 21x31cm 2025 dessin cousu machine sur papier
Mousse 2025, dessin cousu machine et chiffonné 21x31x3cm
Plates bandes 30x40cm 2024
hachures 20x30cm 2024
Jardin du Rayol 30x40cm 2024 / Arts en Balade Clermont Ferrant 2024

PLATE-BANDES / BOUQUETS / A ROSE IS A ROSE / JARDINS 

Mon travail de dessin au fil sur papier s’inscrit dans une recherche artistique qui interroge les frontières entre art contemporain et artisanat, utilisant la machine à coudre comme un outil de création plastique.

J’utilise un papier 100% coton aux qualités organiques qui engendre une interaction dynamique entre le matériau et la technique, où les accidents (trous, bourrages, tension du fil etc…) deviennent des éléments constitutifs de l’oeuvre. 

A travers cette pratique, je vise à créer une architecture visuelle, enrichie par mes inspirations sur la nature, en résonance avec mes explorations graphiques globales.  

tulipes dans un vase , étude 2025
3 fleurs , coutures sur papier contrecollé carton alvéolé, gansé lin 48x16cm chaque

Verre soufflé

Grand Atelier LYON Croix Rousse (Lhasso) 2024

PRAIRIE SUSPENDUE

Je cherche à reproduire la légèreté, la fragilité et la poésie des fleurs dans la nature. C’est un dialogue entre le souvenir, le matériau, et l’espace, qui évoque l’éphémère beauté des fleurs à travers la permanence et la translucidité du verre.

Chaque pièce est unique et authentique, le postulat de base étant l’acceptation des imperfections et des accidents comme partie intégrante de la beauté de l’œuvre. Elle flotte dans l’espace, interagit avec les autres,  contribue à un ensemble harmonieux, lieu d’expression collective où l’individualité s’entremêle avec la communauté. 

De plus, l’installation explore la notion de mouvement : bien qu’immobiles, les verres offrent un rythme visuel, amplifié lorsqu’on se déplace devant  la suspension. Le verre capte la lumière environnante et la réfléchit sur le sol et les murs, renforçant cette illusion

Arts Point de vue Lauzerte 2024
Chapelle des 7 Douleurs Villeneuve les Avignons 2024

Golden Meadows ( Vidéo )

GOLDEN MEADOWS – 3,5 minutes, filmé à l’iphone, montée sur imovie, musique libre de droits Jason Crane From the Earth

J’aime beaucoup me confronter au paysage lors de résidences de travail. Cette fois, je suis partie en Savoie, à 1800 mètres d’altitude, pour être au plus près des champs de fleurs. Mon objectif était d’enregistrer images et sons en vue de la création d’une vidéo.

Seule au milieu des fleurs et des bêtes d’alpage, tous mes sens en éveil, et en affrontant mon vertige, j’ai pu grimper sur les crêtes et me coucher dans les herbes.

La vidéo parle dès lors de lenteur, d’extase, d’odeur et son de la nature, mais aussi et surtout du sentiment que tout ceci pourrait disparaitre prochainement. 

Traitée en bicolore (rose et jaune), elle reprend de courts extraits au ralenti dans les champs de fleurs et d’autres extraits enregistrés en ville ces dernières années. Je souhaitais juxtaposer ces moments afin de montrer d’une part l’extase face au foisonnement de la nature dans ces champs vide de pollution, et d’autre part en souligner le caractère fragile, éphémère. Le son renforce cette dichotomie. En effet, à peine la vidéo commencée (une vision idyllique d’un champs de fleurs), un son brutal et fugace intervient, accompagné d’images comme une centrifugeuse ( il s’agit en fait de balais de lavage automobile en station). 

La vidéo fait des allers et retours entre nature ( champs de fleurs, dessins ou toiles de ma production) et ville ( station de lavage auto, foire, à la fin des fleurs de bougainvilliers balayées par un souffle).

 

Papiers

Éveil printanier 50x65cm
Dans le silence au jardin 70x100cm
balade au jardin 50x50cm 2025

PAPIERS PLIES

Un jour en 2020, j’ai assemblé des lés de papier qui trainaient là sur ma table d’atelier, avec des vers de Paule-Elisabeth Oddero. En ont découlé plusieurs collages dans ma série NoirBleu. 

Je décide de reprendre ici cette technique, d’en arrondir les angles, d’y apporter de la couleur. Les prairies de papier voient le jour, célèbrent joyeusement la nature.  J’aime bien le côté tridimensionnel, il nous oblige presque à nous deplacer  devant le collage. 

 

FLEURS CHIFFONNEES

Mon intérêt pour les points et les tâches me pousse souvent à conserver des éléments tels que les gants fins ou les chiffons d’atelier. 

En essuyant mes pinceaux , j’imprègne sur mes chiffons (papier essuie tout ) les traces de ma pratique. Je les sèche, les sélectionne et les couds entre eux pour constituer ce que je nomme « fleurs chiffonnées » ou « prairies suspendues ».  

Ce processus de création, lent, valorisant ce qui est à priori insignifiant, me séduit beaucoup. Même si petit à petit, je nettoie mes pinceaux avec cette arrière-pensée que je peux recycler mes chiffons (rendant ce geste moins innocent ), j’aime l’aléatoire de la démarche, la matérialité du papier, les accumulations et les possibilités d’assemblage que me procure ce stock de chiffons séchés.  J’y vois un parallèle avec l’Arte Povera, qui utilisait des matériaux pauvres et quotidiens pour remettre en question les conventions de l’art commercial.

prairie suspendue 200x130cm 2023
prairie suspendue 2023
prairie suspendue 58x22cm 2023

Livre - herbier

Maison des Arts de Chatenay Malabry 2023

Herbier constitué de mes cueillettes quotidiennes dans les champs à perte de vue à 1800 mètres d’altitude ( Jarrier, juillet 2023) .  Les fleurs ont été sélectionnées, séchées partiellement, cousues délicatement sur papier coton au fil de coton.

Des textes de Philippe Jaccottet les accompagnent. (Cahiers de verdure @Gallimard)