Noir, c’est l’encre de chine
Bleu, c’est l’huile cobalt clair
Comme à la rencontre entre Atlantique et Pacifique, le mélange ne se fait pas entre le noir et le bleu.
Et pourtant…
Je travaille régulièrement ces deux matières depuis 2011, le plus souvent dans une économie de moyens : un coin de table et du papier, 3 pinceaux, un couteau, un carton de bois et ces 2 matières.
NOIR BLEU
Un grand tourment de vigne
A signé la distance
Tu regardes le chien
Tu regardes tes mains
Et là au souvenir des poignets égarés
Tu les vois
Dans le silence égaré des bruyères
Légères elles sont là
Dans l’absolu silence de la nuit retrouvée.
(Paule-Elisabeth Oddéro, L U C I O L E S)
BLEU NOIR
Il n’y a rien sur la voie
Que la rigidité de la constellation
Elles tournent elles tournent
Dans le bleu
Mais qui peut dire le bleu
Puis tombent sur la terre
Sans tomber
Leurs ailes immobiles
Ont eu raison
Du noir
Mais qui peut dire le noir
Ce destin nécessaire
Malignement tout près
Tu cherches la lumière
Elle est là à tes pieds.
C’est le bleu c’est le noir
Tu tombes
(Paule-Elisabeth Oddéro, L U C I O L E S)
NOIR BLEU 2020 , c’est la production du confinement du au Covid-19.
Je suis à la maison, j’ai ramené de l’atelier de quoi travailler , les conditions sont réunies et soixante dessins seront réalisés.
Mi avril, je craque et retourne travailler une fois par semaine à l’atelier. Le rideau est tiré , je déroule un papier toilé spécial huile et fixe une brosse sur un manche à balai …
Le papier se détend en partie, mais il gondole . Je trouve cela intéressant car cela donne vie à ma peinture.
Quand on décide de s’abandonner face au papier, il y a un moment où l’on ressent sa liberté. Celle-ci se traduit lors par nos gestes, parfois dans une violence, parfois dans une retenue maitrisée, mais il se produit une sorte de moment de grâce que l’on aimerait jamais interrompre.
Quelques jours plus tard , je cherche un accrochage qui permet de conserver ce volume.
Paysage enroulé 130x97cm est prêt.
De retour à l’atelier en mai et juin 2020, le dessin se complexifie, les paysages réapparaissent , le bâton de fusain revient.
OCTOBRE 2020 – Je travaille de nouveau avec mes spalters plein d’encre ou d’huile colbalt et voilà , la mains plus ou moins légère me donnera le ton. Les passages s’accumulent, se chevauchent, s’étiolent, sont bus par la fibre mais ce qu’on retiendra des ces peintures à la fin seront ces espaces blancs abandonnés au papier et qui donneront le rythme.
Par hasard je retombe sur une vidéo prise à bord du bateau pour Ouessant … je suis frappée par cette écume qui vient hacher la mer . C’était il y a presque 3 ans (déjà), je me demande si le lien que l’on peut faire avec mes peintures est fortuit …
FRAGILE
Fragile, c’est le scotch de transport aux lettres rouges , c’est aussi une manière de mettre l’accent sur cette nature évoquée dans ma série waves.
Je l’ai utilisé de façon fortuite pour montrer un grand papier dans la vitrine de l’atelier , j’ai bien aimé le symbole, pourquoi ne pas l’utiliser sur tous mes grands formats ?
En me promenant sur les quais du Rhône ( et sous les ponts où la lumière est moindre) je me rends compte que tout ce travail est peut être simplement du à mes ballades sur le quai Claude Bernard , lorsque j’y habitais durant le confinement .
Hiver 2020, les vagues sont aussi travaillées en volume : à partir de grands lés de papiers peints à l’encre, puis découpés en morceaux plus petits collés sur un fond épais de façon à composer un ensemble qui va là encore capter la lumière.
Les oeuvres ainsi constituées jouent avec la lumière ambiante et l’ombre portée rajoute une dimension à l’ensemble.
Les expériences continuent sur ce thème puisque je reprends les travaux de couture machine sur papier pour des oeuvres minimalistes que j’associe tout de même à ce thème. ( 2022) . C’est presque un travail en négatif des peintures pour moi. Je développe ainsi une serie de petits formats 30x30cm dont voici 3 exemples ( ci-dessous) . J’envisage de développer cela cette année.
Pour l’expo NOIR.BLEU des Essarts à Bram en mai 2022, je développe aussi une série de peintures en quatryptique . J’aime beaucoup cette idée de peinture qui pourrait ne pas se terminer.
Toujours pour l’exposition des Essarts , je ressors des cartons des « pièces détachées » comme je les appelle, encres sur papiers , collages de bribes de poésie de Paule Elisabeth Oddero. Je décide d’une installation qui sera composée de gants d’atelier cousus à ces « pièces détachées » . Voici l’essai d’accrochage de l’atelier