
Souvent ce que je cherche ce sont
les espaces lacunaires
on peut facilement y trouver sa place
chaque membre, chaque articulation
y exprime sa volonté et sa révolte
Ceux qui se penchent et m’observent
Dans ce fond obscur
Peuvent sans aucun doute reconnaitre que j’y développe une part supérieure de moi-même
Avec d’autres textes d’Henri Michaux, voici ce que j’ai reçu dans ma boite aux lettres.
Une peinture sur papier de soie contrecollée sur une affiche ou un magazine l’accompagnait.
Il me fallait répondre à ce courrier par oeuvre interposée, dans le cadre d’un projet initié par Frédéric Prouff, artiste plasticien, avec son accord pour intervenir sur son oeuvre si besoin.
10 artistes ont été sollicités, tous ont reçu le projet et une oeuvre différente de Frédéric Prouff.
Nous exposerons nos travaux du 12 au 21 avril prochains à l’ATELIER BARBU ( Plouezec)



Les espaces lacunaires, 2025
FP (à gauche) : peinture et crayon sur papier de soie, contrecollé magazine puis carton alvéolaire, fil fluo sur la tranche
NL ( à droite) : coutures machine sur papier chiffon, contrecollé carton alvéolaire, fil fluo sur la tranche
Dimensions : 24x50x4cm (chaque)
Comme souvent pour un projet donné, je suis partie sur une sélection restreinte de mots , en l’occurence ici E S P A C E S L A C U N A I R E S et F R A G M E N T S.
Puis je me suis renseignée sur Henri Michaux que je connaissais mal.
Un écrivain qui bidouillait pas mal autour de l’introspection, par l’écrit ou la peinture, aidé en cela par les substances hallucinatoires qu’il consommait. Globalement, il s’est intéressé aux thèmes de l’angoisse, de l’aliénation et de la solitude, de la quête existentielle, en se méfiant des conventions et des normes.
Les espaces lacunaires sont mentionnés dans L ‘ E M P R E I N T E D E L’ A N G E , un recueil sur les zones d’incertitudes ou les vides qui pour lui sont essentiels pour comprendre la condition humaine car ils représentent des moments d’interrogation et de réflexion, nécessaires à la créativité.
Il m’est apparu essentiel du coup de trouver un moyen de mettre en avant cette idée d’espace , dans une approche physique :
- 2 blocs se répondant l‘un à l’autre, séparés seulement par quelques centimètres.
- l’éloignement du mur par un support épais (le carton alvéolaire lui même composé d’espaces vides) , le fil fluo étant cousu sur le pourtour pour obliger le regardeur à regarder ce carton.
- chaque bloc comporte aussi bien sur des zones vides (blanches) et une dualité entre zones fluides et rugueuses.
Ensuite, j’ai répondu presque symétriquement à l’oeuvre de Frederic Prouff, avec mon médium actuel ( la couture machine sur papier), en utilisant quasiment les mêmes couleurs, afin de créer un dialogue visuel, une interconnexion évidente entre les 2 blocs. Ils sont comme des poumons inversés et font référence à l’importance des relations humaines dans la construction de la signification.
La construction de mon bloc s’est faite dans une approche expérimentale, sans trop réfléchir, en utilisant ce qui trainait sur ma table comme par exemple ce sac plastique noir, afin de m’éloigner du formalisme de la ligne droite obligée par la machine. Le fil a parfois été cousu sans tension, créant une sorte d’écriture automatique et poétique (en beige)
J’ai hâte de savoir comment cette oeuvre pourra être ressentie et interprétée par les visiteurs , je suppose que d’autres significations vont émerger.
Je suis également impatiente de regarder comment les autres artistes auront répondu à cette invitation de Frédéric Prouff ! Merci à lui d’avoir initié cet échange .


C’est toujours une joie pour moi de revenir en Bretagne, sur les côtes de mon enfance.
Je serai présente au vernissage samedi 12 avril à 19H00.